Danou Charette — Focus entrepreneur·es — Ébéniste cohérent
Crédit photo : Danou Charette
Texte : Les Filles Infographie pour Outaouais d’abord
Quand on parle avec Danou Charette, les termes « écoresponsabilité », « respect de l’environnement », « travail organique » et « amour de la nature » font surface à plusieurs reprises. Il se décrit comme étant un ébéniste écoresponsable et c’est le moins qu’on puisse dire. Ça se fait tout seul, c’est naturel et logique pour lui. Chaque action qu’il pose est dictée en fonction de protéger et mettre en valeur la forêt. Danou Charette est un ébéniste cohérent.
Ses parents ont un lot à Cantley, où il est installé pour y rester : sa maison et son propre atelier qu’il a construit lui-même en 2020. Juste avant, il partageait le lieu de travail de son père, qui est sculpteur de bois. Depuis 2017, Danou est en affaires comme ébéniste — ou plutôt comme artisan du bois — et crée du mobilier à partir d’essences de chêne, d’érable, de pin, de cèdre ou de tilleul, les arbres qui l’entourent.
Cadeau de la nature et instinct d’artiste
Mais au-delà du travail du bois pour en faire des meubles, l’approche de Danou est axée sur la récupération de bois « offert par la nature », comme il se plaît à dire. Le bois malade, mort, coupé ou tombé est pour lui un joyau qu’il s’efforce de valoriser, pour en faire des pièces d’autant plus uniques et attrayantes.
Son travail et son art sont très instinctifs, tout comme sa décision de devenir ébéniste, qui s’est prise tout naturellement après une expérience professionnelle peu concluante dans un autre domaine. En ayant grandi en plein cœur de la forêt, on peut croire que le chemin était déjà tracé pour faire un métier comme celui d’ébéniste, mais comme les rainures dans le bois brut qu’il travaille, parfois, le parcours dévie.
Danou n’a pas étudié pour devenir un professionnel de l’ébénisterie, mais il a construit son premier meuble à l’âge de 15 ans et a forgé son expérience de façon autodidacte. Il reconnaît que le travail du bois est un vieux métier et, par sa démarche minutieuse, il souhaite que ses créations durent « plus longtemps qu’une seule vie », comme les meubles des anciennes générations qui se passaient de maison en maison et qui étaient durables.
Réfléchir à sa façon de consommer
Le mobilier construit par Danou, qu’il soit fait sur mesure pour un client ou issu de sa collection, est non seulement impressionnant et magnifique, mais il est fait à partir de matière locale selon le principe d’« eco-design ». Cela signifie que le mode de production est moins polluant et qu’il tient compte de la totalité du cycle de vie du produit.
En plus de ne pas transporter du matériel sur de longues distances, parce qu’il s’approvisionne uniquement des forêts de l’Outaouais, et de « faire avec ce qu’il a », Danou a construit un séchoir solaire et fabrique ses propres teintures naturelles extraites d’écorces, de fleurs et de fruits, selon la saison, pour la finition des meubles.
Certains verraient un côté « limitant » au fait de ne pas « surtransformer » les arbres qu’il utilise pour ses projets. Lui a choisi d’utiliser cette technique à son avantage, ce qui lui a permis de réfléchir encore une fois à sa propre façon de consommer et ce qu’il souhaite offrir à sa clientèle. Il faut d’ailleurs que celle-ci soit parfois patiente, parce que les planches, une fois coupées, prennent un temps de séchage et de stabilisation qui est parfois long (jusqu’à près de deux ans dans certains cas), mais qui permet d’obtenir un produit final de qualité hallucinante, sans avoir pris de raccourci.
L’inventaire de la collection de Danou Charette est très varié. On y retrouve des meubles pour la salle à dîner, le bureau, la salle de séjour, la chambre et même des œuvres murales. L’artisan avoue ne pas toujours avoir une idée précise du résultat final lorsqu’il débute un projet. C’est un peu la beauté de la parfaite imperfection, occasionnée par le côté organique du processus de création.
Partage de connaissances et projet futur
Via des vidéos publiées sur Facebook portant sur le travail du bois selon les saisons, Danou se présente comme quelqu’un qui aime partager son intérêt pour son métier. D’ailleurs, depuis 2017, il a accueilli une dizaine de stagiaires, provenant de divers centres de formation, qui deviendront prochainement ébénistes. En ce moment, c’est un Français qui s’est rendu à Cantley pour en apprendre plus auprès de Danou, l’ayant connu via le Web. On sent la fierté de Danou lorsqu’il dit : « Je suis content que, dans cette situation, au lieu d’exporter de la matière, on exporte des connaissances. » Quand on disait qu’il est cohérent!
À moyen long terme, l’entrepreneur aimerait ouvrir un atelier collaboratif, où il pourrait offrir son soutien à des « étudiants » qui n’en seraient pas réellement : plutôt des gens qui sont ouverts à apprendre et échanger sur l’ébénisterie de façon non scolaire, et ce, à coûts moindres. Cet endroit serait également un poste d’accueil pour la clientèle, qui pourrait avoir un contact direct avec les artisans et leurs produits. Danou est actuellement en phase de réflexion quant à toutes les étapes à franchir avant de concrétiser ce projet, qui deviendrait éventuellement son gagne-pain.
En ce moment, dans l’objectif d’aller à la rencontre des gens, il offre des journées portes ouvertes à son atelier. Ça se passe tous les premiers vendredis du mois, au 325, chemin Taché à Cantley. On peut aussi suivre la page « Danou Charette – Ébéniste » sur Facebook, ou encore visiter le danoucharette.com pour en savoir encore plus sur l’artiste et ses créations.
Choisir une entreprise locale a plus d’impact que vous l’imaginez. Ce geste contribue à la communauté à plus grande échelle, à l’essor de l’économie de l’Outaouais et du Québec, mais surtout à la préservation de milliers d’emplois de Québécoises et Québécois. Lorsque vous achetez localement, vous redonnez à votre communauté et vous agissez concrètement pour notre collectivité. Que demander de mieux!