La Savonnerie Saponaria mousse l’achat local!
Contenu : Outaouais d’abord
Crédit photo : Saponaria
Créative et passionnée, Sonya Ann Legault a laissé un emploi rémunérateur qu’elle occupait depuis 16 ans afin de démarrer son entreprise en 2012, la Savonnerie Saponaria à Val-des-Monts. Un pari risqué qui s’avère aujourd’hui une magnifique réussite!
« J’étais super bien traitée dans mon emploi, mais à un certain moment j’ai voulu sortir de l’environnement bureau et travailler dans un autre qui ‘sentait bon’ et qui me stimulerait davantage, explique-t-elle. J’avais besoin de faire autre chose et j’ai alors décidé de faire de mon passe-temps, la fabrication artisanale de savon, un métier. »
Mû par cette passion, et sans aucun prêt, elle a fait le grand saut dans le monde de l’entrepreneuriat, armée de son seul désir de se réaliser pleinement. « Je suis créative depuis toujours. J’ai toujours fait quelque chose d’artistique, comme de la peinture et de la céramique. Avant de démarrer l’entreprise, je fabriquais des savons pour la famille et les amis et la réponse était excellente. »
Le nom Saponaria de la savonnerie coule de source. Il s’agit d’une plante dont les racines et les feuilles, une fois immergées dans l’eau, créent une petite mousse. C’est un ingrédient qui sert à fabriquer du savon. C’est aussi un nom qui n’est ni francophone ni anglophone, donc passe-partout.
Un brin de folie
Se décrivant comme autodidacte, Mme Legault a suivi son instinct pour lancer son entreprise, sans aucune aide externe. « Ça prend un peu de folie et c’est très épeurant de quitter son emploi. Mais je ne m’en plains pas, explique-t-elle. Un moment donné, lorsque l’entreprise est devenue plus grosse, je suis allée chercher de l’aide d’organismes et de gens qui sont déjà en affaires. Avec le recul, je conviens que ma plus grosse erreur aura été de ne pas bien m’entourer dès le départ. Il y a tellement d’organismes qui sont là pour nous aider et c’est souvent gratuit. Ce support nous ouvre plein de portes et nous facilite la tâche dans nos opérations. »
Toutefois, elle ne regrette rien à son parcours qui était sur mesure pour elle. Entourée de sa famille, la jeune femme d’affaires a débuté la production artisanale de savons à son rythme. Elle se sentait bien dans cet environnement!
« C’est certain que j’ai enregistré une importante baisse de revenus au cours de ma première année d’opération, par rapport au salaire que je gagnais dans mon ancien emploi. Mais le support de ma famille m’a aidé à progresser et à ne pas lâcher. Les commentaires positifs des clients me stimulaient également. Vous savez, au final, je me disais que si mon projet ne fonctionnait pas, je pouvais toujours retourner faire du travail de bureau. Mais je n’ai pas eu à le faire. »
Même si les revenus n’étaient pas élevés au cours de la première année d’opération, les objectifs eux étaient atteints. « Je savais que je ne pourrais pas en vivre immédiatement mais je voulais savoir si cela pouvait fonctionner. Lorsque nous allions dans les foires et les marchés, je carburais aux commentaires positifs de nos clients et ça me poussait à continuer, à persévérer. Aussi, je suis bien épaulé par mon mari Mario, ma fille Alexandra et ma mère. »
Un bon rythme de croisière
Plus de cinq ans plus tard, Sonya Ann Legault admet qu’elle a commencé à vivre ‘correctement’ de son entreprise qui s’est développée à son rythme en respectant ses valeurs artisanales. Cette année, le commerce est à la croisée des chemins pour son développement. Le jeu de l’offre et de la demande exige maintenant une production sept jours sur sept.
« C’est certain que ça démontre que les ventes vont bien mais il faut trouver un certain équilibre, avance-t-elle. Nous devons améliorer notre structure de production en évitant de trop grossir. Je ne vise pas l’international et je veux que ma manufacture demeure à échelle humaine. C’est la base de mon entreprise. Afin d’augmenter la cadence de la production et d’atteindre de nouveaux marchés dans la région et au Canada, je planifie déménager l’atelier de production dans un endroit plus grand avec une zone de travail qui me permettra de protéger les gens en temps de pandémie. Je vais embaucher des employés car je ne peux plus produire les savons seule avec mon conjoint. »
Les ventes sont actuellement réalisées en Outaouais dans des boutiques spécialisées, dans des marchés publics et des foires. Toutefois, la majorité des transactions se font en ligne. Les produits, qui se déclinent en une quarantaine de savons parfumés, sont également vendus un peu partout au Canada. Les savons à l’huile d’olive et les bombes de bain 100% végétaliens sont des produits naturels faits à la main. Le plus gros vendeur demeure le savon à la framboise noire. Canneberge et vanille ainsi que lavande suivent de près.
« Nos produits sont végétaliens et avec notre grande variété, chacun peut trouver un produit qu’il aime. Il n’y a aucun sous-produit animal dans nos savons et nos produits ne sont pas emballés sous plastique, mais plutôt avec un bandeau qui est accompagné des ingrédients en règle avec Santé Canada », rajoute la jeune femme d’affaires.
L’achat local, une fierté
Sonya Ann Legault va à la rencontre de ses clients, lors des marchés publics et des foires régionales, et elle reconnaît qu’il y a une certaine fierté pour ces gens d’acheter des produits locaux, de l’Outaouais. « Les gens nous disent merci de leur offrir de tels produits et ils sont fiers d’encourager des entreprises locales. L’argent, c’est bien intéressant pour nous, mais on a besoin d’une telle reconnaissance de nos clients. »
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, cette notion de l’achat local s’est accentuée, avance Mme Legault qui s’est aussi réjouie du lancement, en juillet dernier, de la campagne d’achat chez-nous Outaouais d’abord. « C’est très stimulant de voir Outaouais d’abord mousser l’achat local. Les gens sont conscients de la portée de leur geste mais ne comprennent pas tous la dimension de l’achat local. En achetant mes produits, moi j’ai des sous à réinvestir dans l’achat de produits locaux qui sont disponibles pour ma production. Mon pouvoir d’achat augmente et je peux à mon tour encourager localement. Et ainsi de suite, c’est une roue. L’achat d’un savon d’une compagnie internationale n’a aucune retombée pour la région. Il faut penser à nous d’abord. »
Mme Legault admet que les ingrédients qui entrent dans la composition de ses savons ne sont pas tous disponibles en Outaouais. Toutefois, elle parvient à trouver des huiles essentielles et d’autres produits, comme la bière des Brasseurs du Temps, pour les savons à la bière, ainsi que différents accessoires en céramique pour ses produits provenant de l’Atelier aux Quatre mains de Chelsea.
Cette pandémie, qui prédispose l’achat local, a aussi demandé une réorganisation du travail pour Mme Legault. Les opérations de production ont été affectées puisque sa mère a dû être confinée et que les amis ne pouvaient plus aider comme avant. Il y a aussi eu une pénurie dans l’approvisionnement de certains produits, notamment ceux servant à l’embouteillage. Pendant le confinement, impossible d’acheter ces contenants qui servaient pour le bain moussant liquide. « Tu ne peux plus avancer si tu ne changes pas des choses, lance-t-elle. Je suis à la recherche d’une nouvelle façon de faire, avec un bain moussant solide. Je suis à l’étape des tests en laboratoire. J’ai aussi mon projet de déménager mon atelier dans un endroit plus grand. »
Pandémie ou pas, les ventes de la Savonnerie Saponaria sont à la hausse depuis plus d’un an. L’engouement du local a contribué à cette réussite. Chose certaine, cette entreprise de l’Outaouais a bel et bien le vent dans les voiles!