Les aliments faits au Québec coûtent-ils vraiment plus cher?
Source : Les Affaires, Sylvie Cloutier, journaliste
BLOGUE INVITÉ. Même si la chaleur se fait toujours désirer, la planification de nos activités estivales laisse entrevoir le plaisir de se réunir à nouveau avec famille et amis autour d’un bon repas. Les produits alimentaires du Québec sont en abondance en cette période de l’année, et c’est un vrai plaisir de retrouver notamment nos fruits et légumes goûteux de la saison estivale.
J’aimerais profiter de cette occasion pour revenir sur une perception populaire des consommateurs sur le prix des produits d’ici. Une importante étude publiée au début du mois de juin sur le prix des aliments locaux a retenu mon attention. L’origine de l’étude : vérifier si la réputation de coûts plus élevés pour les produits alimentaires du Québec était justifiée.
Aliments du Québec, en collaboration avec l’Université Dalhousie de Nouvelle-Écosse, a fait la démonstration que, dans plus de 70,83 % des catégories étudiées, le produit local* était soit aussi concurrentiel (différence de prix neutre), soit plus concurrentiel que le produit comparable provenant d’ailleurs.
Il semble y avoir effectivement une croyance populaire voulant qu’un aliment local, un produit du Québec, coûte plus cher qu’un produit importé.
On a aussi tendance à croire qu’un produit local se limite aux produits artisans, alors que l’industrie alimentaire québécoise représente 32 milliards de dollars (G$) de ventes et 75 000 emplois.
On est loin de la production des petits pots de confiture vendus au marché public du village ou en « back-door » chez un épicier de notre région.
En effet, les produits alimentaires québécois sont présents en quantité importante dans toutes les catégories et sections de l’épicerie. Par exemple, quand on parle de produits laitiers, de produits de boulangerie, de viandes et de volailles, les produits québécois y sont en majorité.
Les produits locaux sont concurrentiels
Les conclusions de l’étude apportent un éclairage différent sur la créativité et la variété des produits « made in Québec ». Et les produits locaux plus concurrentiels que ceux de l’étranger ont souvent de quoi surprendre : café, barre granola, beurre d’arachide, farine, vinaigrette, confiserie, viande et fromages, etc.
Les produits au moins aussi concurrentiels que les produits de l’étranger vont des jus à la sauce barbecue, en passant par le tofu et les pâtes fraîches. Je ne ferai pas le détail de la liste, mais vous invite à consulter l’étude** que vous trouverez ici.
Le produit de niche, le produit artisan et de spécialité, a ses clientèles propres et est distribué en général sur les lieux de production, à la ferme par exemple, dans des circuits courts ou encore dans des boutiques spécialisées.
Ces produits auront toujours un attrait, une place de choix sur les tablettes et un prix qui reflète la méthode de production artisanale.
L’étude dont il est question ici souligne les habitudes de consommation générale des Québécois. C’est à ce titre que les chiffres viennent changer notre perception sur les prix des aliments produits et fabriqués au Québec.
Les initiatives sur l’achat local, particulièrement pour les produits alimentaires, sont louables et bienvenues.
L’achat local, un choix stratégique
Avec l’inflation, le coût du transport des marchandises, les bris dans la chaîne d’approvisionnement et tous les impacts de la pandémie à l’échelle mondiale, l’achat local devient de plus en plus un choix stratégique et économique.
Je serai curieuse de refaire cette étude dans une année pour comprendre ces impacts sur le coût des aliments importés versus locaux.
Je suis convaincue que l’étude d’Aliments du Québec et de l’Université Dalhousie facilitera un changement de perception, et fera en sorte que les consommateurs de chaque région du Québec aient le goût, l’envie et le plaisir de consommer les produits alimentaires d’ici.
L’achat local est important, quel que soit le produit.
On ne le dira jamais assez, mais en consommant local, on encourage le savoir-faire et l’économie d’ici.
En terminant, je prends congé d’écriture pour quelques semaines. On se donne rendez-vous au début de septembre.
Bon été!
*Si aucune définition formelle n’encadre la notion de « produit local », chaque consommateur ayant un biais selon une foule de valeurs qui lui sont propres, celle qui a été retenue est un produit dont « les principales activités de production, de transformation et d’emballage sont effectuées au Québec [avec un] numéro d’entreprise du Québec (NEQ) valide ».
**L’étude a été menée en janvier et février dernier, alors que le niveau d’inflation prévisible était loin d’être ce qu’il est dans notre réalité actuelle.